Les snobinards

Rebelote... Dimanche en ouvrant le frigo, le ramdam a recommencé.

D'abord un chuchotis léger ; j'inspecte les étagères, et le bruit enfle, prend de l'ampleur, devient bourdonnement, criaillements... Les restes des jours précédents se rappellent à moi...

A coups de grands houhou ! et de psssst ! ils tentent d'attirer mon attention. Au fond, c'est vrai, je sais bien que j'aurais pas du, que je l'ai bien cherché... Je sais bien que c'était pas malin de faire la fanfaronne avec mes jambalayas. Bah oui quoi, rêver de marais cajun en jetant sur un peu de riz, dans la poêle, tous les bouts racornis qui traînent au fond du réfrigérateur, finement ciselés, savamment relevés d'épices, avantageusement accompagnés de bouillon, patiemment mijotés... Voilà qui réveille la folie des grandeurs de tous ces solitaires, ces maigrichons, ces surplus, ces rabiots, ces dépareillés des lendemains de bamboche ! Que voulez-vous, fallait bien improviser les réjouissances, ado, lors des week-ends chez le père qui ne remplissait ledit frigo que la veille de notre départ...

Seulement voilà, maintenant les restes se sont passés le mot, ils me tannent, me harcèlent, me font du chantage affectif : " et pourquoi les zautres, là, y zont eu droit à la quiche, et pi pas nous d'abord ?", "pourquoi c'est toujours nous qu'on fait la soupe ?", "mort aux riches !",  "j'veux pas finir sur le compost" "si tu m'laisses là, j'te colle une listériose que tu vas l'regretter, c'est moi qui t'l'dit !!"

Les restes veulent des lendemains qui chantent, veulent qu'on leur donne du Madame et rêvent de Versailles. D'habitude, par habitude, je suis conciliante, je fais un effort... mais trop, c'est trop (j'avais déjà passé la matinée à faire une cinquantaine de madeleines pour l'anniversaire de Louison), c'est sorti tout seul : "CEUX-LA, JE VAIS ME LES FARCIR" !

Dans le rôle des snobinards cette fois-là : trois gros champignons de Paris à farcir, un peu de poulet rôti, un coin de bleu d'Auvergne, les pieds des champignons, trois poignées d'épinards, quelques raisins et un filet de crème fraîche... dommage, les noisettes se sont manifestées trop tard...

Comments

[béné]

mmmmmh ça a l'air trop bon!

[BelleSahi]

Hummmmmmmmmm !

[Julie Mercredi]

L'expression "L'art d'accomoder les restes" prend tout son sens avec toi ! Et mazette z'ont l'air vraiment ENORMUS tes champignons !

[marion]

ça à l'air vraiment trop bon, même pas en restes.

[Reevolution]

Accomoder les restes, c'est tout un art.
Si on pouvait le transposer à la vie entière, t'imagines le nombre de trésors que l'on pourrait faire surgir de toutes les miettes d'une situation passée?