Chouchoune
La première fois, on aurait pu croire que sa langue avait fourché. La deuxième fois, on s'est dit que décidément les sonorités lui plaisaient. La troisième fois, on a compris : il ne s'agissait pas d'un lapsus, c'était un baptême !
Chouchoune, c'est le surnom que Louison a donné à sa soeur. Une petite chose rien qu'à elles, droit sortie d'un pays où les grands ne s'aventurent pas, une exclusivité. Après les inquiétudes du début ("Mais pourquoi on a un bébé, nous ?"), après les tests de résistance en forme de morsures ou de tentatives d'étouffement sous le coussin, après les scènes de jalousies ("Dis, tu peux m'occuper de moi ?"), après tout un tas de mini-tragédies ("oh, mais Adèle tu pleures trop fort !!!), il semblerait que les rapports se pacifient, se densifient, s'harmonisent... Lousion par moments serait bien la mère de sa soeur, à conseiller comment la nourrir, la vêtir, l'occuper, et même parfois endosserait bien un rôle de père, un père moralisateur, qui gronde et qui sanctionne !
Et même, à bien y regarder, c'est un peu plus que ça encore. Ce chouchoune sonne comme un adoubement. Ma soeur, ma complice, ma groupie. Et tous les câlins qui vont avec.
Mais les câlins n'effaceront pas le reste... Ce soir, Adèle a un beau bleu et une petit bosse sur la joue... "J'ai fait des bleus sur ta peau blanche, ton corps est un champ de pervenches" aurait chanté Gaston Couté. Un amour ambivalent, que la Môme Poison observe avec une grande curiosité, qu'elle a hâte de voir évoluer, pour lequel elle se pose plein de questions. Elle qui n'a pas eu de soeur.