Deux, trois bonheurs...

Une poignée de gens, Anne Wiazemsky, Gallimard 1998

Sous ce titre modeste voire anodin, se cache l'histoire d'un chaos... Un chaos que Marie Belgorodsky a toujours évincé de sa vie. Descendante de Russes blancs, elle s'est toujours refusé à aborder ce passé avec les siens. Regarder devant, c'est ce que son père lui a transmis, et elle a appliqué la leçon avec un zèle absolu. Mais 77 ans plus tard, le passé refait surface : un journal tenu par son grand-oncle et miraculeusement préservé vient lui rappeler le souvenir des années 1916 et 1917. Et ce Livre des destins raconte comment, dans la propriété familiale de Baïgora, une des plus importantes et novatrices de la Russie tsariste, les velléités de partage des terres ont évolué vers un pillage généralisé des richesses, comment sous la pression des agitateurs de Moscou et de certains représentants des soviets, la confiance et le respect mutuel qu'entretenaient la famille Belgorodsky et leurs gens se sont transformés en réprobation, puis en colère et en férocité, jusqu'au meurtre sauvage du prince...

Elle m'avait dit, si tu n'as jamais lu Anne Wiazemsky, commence par celui-là... et j'avoue qu'au début ce récit m'a semblé un peu fade, une pâle imitation des romans russes du XIXeme, tout occupée de la vie oisive de ces aristocrates un peu vains. La nature y avait presque le plus beau rôle... Et puis lorsque les événements politiques s'accélèrent, les personnages se révèlent, leur ouverture, leur courage, leur amour deviennent manifestes, et et on est embarqué par le cours de l'Histoire au coté de cette "poignée de gens". Il est alors fascinant de percevoir comme l'ampleur du bouleversement est palpable sous la plume d'Anne Wiazemsky. La surprise des nantis, les efforts de certains pour accepter les idées nouvelles, comprendre les petits, maintenir un dialogue, dans le respect, le souvenir des événements partagés...mais aussi les hésitations du peuple à déboulonner jusqu'au néant ces riches qui les ont aussi, parfois, soutenus, nourris, éduqués, hésitations pilonnées par les habitués de la politique venus d'ailleurs, et par les jeunes aussi...C'est leur incrédulité à tous, devant la radicalité des événements qui m'a le plus touchée. Et la violence des idéaux... Un roman qui me reviendra probablement souvent en mémoire...

La très petite Zébuline, Véronique Ovaldé, Actes Sud Junior, 2006

Zébuline est une bien jolie petite fille que tout le monde aime beaucoup au village de Pastasi. Mais une bien trop petite fille, avec qui les autres enfants ne veulent pas toujours jouer... Et ce jour-là, sa tristesse est plus grande qu'elle, alors au bout de la jetée elle est si songeuse qu'elle remarque à peine sa petite chaussure en fourrure d'écureuil sur le point de tomber à l'eau...

Attirée par ce duo auteur/illustrateur si prometteur (la papesse de la gravure illustrant une auteure pour adultes des plus originale !), j'ai été un poil déçue par le texte, qui use de quelques artifices de noms pour tenter de camper un décor étrange mais qui ne font pas mouche. C'est l'aventure sous-marine de Zébuline, voyage initiatique, qui concentre toute l'étrangeté du récit, et c'est un poétique passage...Ce qui fait surtout que cet album mérite le détour, ce sont les illustrations époustouflantes de Joëlle Jolivet, qui renouvelle son art de la gravure en l'associant à des imprimés réjouissants, des motifs détournés, de petites reproductions de gravures anciennes, le tout dans des coloris contrastés vraiment alléchants. La mise en page du texte est également originale... Alors n'hésitez pas : rincez-vous l'oeil !

La nuit, Betty Bone, Editions du Rouergue, 2006

La nuit ou le jour, il n'y a pas à tourner ça dans tous les sens : c'est un vrai régal. Indispensable... surtout si vous aimez les albums sans texte (ou presque !)   

Comments

[Charline]

je retiens tes 2 derniers, ils sont l'air si jolis ! Il faut que j'aille faire une razzia un jour dans une librairie pour enfants, ça fait si longtemps !!!

[bel gazou]

une poignée de gens.....j'avais adoré....veux-tu que je t'envoie la suite, ou disons qi c en'ets directement la suite c'est dans la continuité? "aux quatre coins du monde"? comme je n'ai pas encore envoyé ton colis?....