L'infortunée
L'infortunée, Wesley Stace, J'ai lu (Par ailleirs), 2006
Sur la couverture elle avait collé un petit post-it bleu sur lequel elle avait inscrit "yes, yes, yes", comme un appel pour me détourner de La consolante et son "bof, bof, bof"... Alors j'ai ouvert cette infortunée, sans remarquer le portrait androgyne qui m'observait sous ces longs cils. Et j'ai sauté à pieds joints dans l'Angleterre du début du XIXe siècle, dans ces quartiers sordides, j'ai suivi ce chansonnier qui fuit la maison de la faiseuse d'ange, un paquet de chiffons sous le bras. Je l'ai accompagné aux confins des faubourgs et de la campagne, dans cette décharge, j'ai distingué enfin ce petit corps neuf qu'une chienne errante lui disputait. Et puis le fiacre est arrivé, la portière s'est ouverte et a emporté le nouveau-né. Plus de mauvais quartiers, mais un grand château, et ce baptême du petit être, Rose... Mais Rose est un garçon, et c'est là que les choses se compliquent.
Roman d'aventures, ça oui ! Cette Rose, ce garçon élévé comme une fille, dans le secret et l'amour de ses parents adoptifs, c'est elle la narratrice, c'est elle qui nous entraîne dans sa lente découverte de son identité, dans les affres de la vérité, dans les tourments de sa famille, sans ses voyages, dans ses stratégies, dans la reconquête de sa propre vie et de son statut. Elle est accompagnée d'une série de personnages, bons ou vils, tous fabuleusement campés. C'est un poil (!) sulfureux, souvent joyeux et même drôle, quasiment toujours plein d'allant... C'est carrément invraisemblable, mais c'est une lecture vivifiante.